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Moncef Marzouki, premier président de la Tunisie démocratique
lundi 12 décembre 2011
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Les fils de la Tunisie profonde, délaissés par les investissements, brimés par les politiques successives, de la colonisation à l’indépendance, opprimés par la dictature, ont hissé l’un des leurs à la tête de la République, en ce lundi 12 décembre. Moncef Marzouki est désormais le nouveau Président des Tunisiens.
Même si formellement, il faudra attendre l’investiture officielle et la cérémonie de prestation du serment de demain matin. Pour la première fois dans l’histoire de la Tunisie, le président a été élu dans la transparence, et non par le biais des urnes bourrées devant des observateurs complaisants. 153 élus de la Nation ont voté pour Marzouki, 44 se sont abstenus, et 3 ont signifié leur refus de le voir accéder à ses nouvelles fonctions. On notera que 15 députés qui n’appartiennent pas à la troïka ont tout de même choisi de voter pour lui. Puisque l’ensemble du triumvirat formé par El Mottamar, Ettakatol, et Ennahdha ne compte que 138 députés. L’opposition a choisi librement de ne pas présenter de candidat. Par son abstention, elle a publiquement exprimée sa position de rejet. C’est son droit, et ce faisant, elle adresse un signal fort aux nouveaux gouvernants. Mais cette réaction est en elle-même une illustration du niveau auquel s’est hissée notre vie politique nationale. Qui aurait-cru, à peine une année auparavant, que des débats houleux mais maîtrisés, passionnés mais rassérénés, auraient lieu dans l’hémicycle du Bardo, hier encore, réservé, à quelques exceptions près, aux plus fidèles serviteurs de la dictature. La Tunisie vit donc un tournant précédent. Le nouveau président devra relever de nombreux défis, sans commune mesure avec ceux auxquels ont dû faire face ses prédécesseurs. A quelques jours à peine de son investiture, il a dû essuyer une campagne d’une grande férocité, rarement vue même dans les plus vieilles démocraties. L’homme en a vu d’autres, et les attaques ne l’ont pas empêché d’avancer. Paradoxalement, les critiques même les plus injustifiées, ont le mérite d’exposer au monde entier, que la Tunisie a changé. Que les hommes qui la gouvernent aujourd’hui ne sont pas ceux qui ont fait son malheur hier. Moncef Marzouki n’a pas dit autre chose, en ses quelques mots qu’il a prononcés à l’annonce de sa victoire, d’une voix étranglée par l’émotion. Modestement, le premier président de la Tunisie démocratique soulignera qu’il a « bien reçu leur message », en s’adressant aussi à ses plus farouches opposants. A l’annonce de sa victoire, l’assemblée a crié, comme un seul homme, sa fidélité à la mémoire des martyrs de la Révolution Tunisienne. Et qui d’autre que Marzouki, aura autant martelé sa loyauté indéfectible à ceux qui ont offert leur vie pour que naisse la nouvelle Tunisie ? Marwene El Gabsi