« Le financement des partis doit être transparent, équitable et honnête »
mercredi 8 juin 2011
Congrès pour la République – Moncef Marzouki à un meeting à Nabeul
Le Congrès pour la République (Cpr) a tenu dimanche à Nabeul un grand meeting sous la férule du Dr Moncef Marzouki qui aspire à un rôle politique de premier plan dans la nouvelle Tunisie en construction. Inflexible sur les principes mais ouvert au dialogue, le président du Congrès pour la République et ancien président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme est docteur spécialiste en médecine interne, en neurologie et en santé publique. Ecrivain bilingue, il a publié douze livres en Arabe et trois en Français, traitant de médecine communautaire, d’éthique médicale et surtout de ses préoccupations majeures : les droits de l’Homme et le problème de la démocratisation dans les pays arabo-musulmans.
Entretien avec un homme d’expérience sur certaines questions essentielles de l’heure et qui se définit aussi comme l’un des principaux « bâtisseurs » de la Tunisie nouvelle et démocratique et qui impressionne le plus par son verbe facile et percutant.
Comment jugez-vous le paysage politique actuel en Tunisie ?
C’est un paysage mouvant instable, dynamique, créatif et créateur. Je me réjouis de ce dynamisme comme en témoignent ces partis et ces associations qui se créent et un débat politique permanent. C’est vraiment l’effervescence après le calme. C’est positif pour la Tunisie nouvelle.
Que pensez-vous de cette inflation de partis ?
Ce n’est pas une inflation. C’est une étape intermédiaire et d’enthousiasme politique. Tous les pays qui ont connu des révolutions sont passés par cette étape. On l’a vu au moment de la révolution des œillets au Portugal par exemple. Il y a ensuite un phénomène de sélection naturelle. Les choses vont se calmer par la suite
Où se situe votre parti dans cette mouvance politique ?
Pour nous, cette distinction franco-française n’a aucun sens. Nous sommes un parti qui a un encrage arabo-musulman du fait de notre identité nationale, un parti démocrate et nous sommes extrêmement intéressés par toutes les questions de développement local et régional. . Nous avons quelque chose de la gauche, du centre et d’universel. Je pense qu’il est difficile de la caser centriste, droite ou gauche
Comment voyez-vous le financement des partis ?
Ce financement doit être transparent, équitable et honnête. Nous, en tant que CPR, nous n’avons que notre financement interne et nous allons publier sur la toile, au moment où nous allons tenir notre congrès, les origines de notre budget et nous espérons que tous les partis feront de même.
Que pensez-vous du report des élections de la Constituante ?
Ce n’est pas une bonne idée. Le pays a besoin le plutôt possible d’être stabilisé et tout report prolonge la situation intermédiaire et ceci n’est pas acceptable.
Quelle est votre alternative ?
Les élections doivent se tenir le plus rapidement possible avant le 16 octobre
On reproche à votre parti de flirter avec les Islamistes ?
Je n’ai pas arrêté de dire que nous allons nous présenter aux prochaines élections avec nos propres listes. Certains évoquant à tort un projet d’alliance entre le CPR et Ennahdha. Ce qui est totalement faux. Nous allons nous présenter seuls lors des prochaines élections et nous n’avons d’alliance avec aucun parti
Comptez-vous adhérer au Pôle démocratique qui vient d’être créé par plusieurs partis ?
Nous sommes pour que chaque parti aille aux élections avec ses propres couleurs et son propre programme pour que les choses soient claires et que le peuple tunisien sache choisir en toute connaissance de cause. Je le répète nous n’avons pas l’intention de nous allier à aucun parti politique.
Quel régime politique prônez-vous ?
Nous sommes pour un régime qui obéit à trois conditions : démocratie, stabilité et efficacité. C’est-à-dire une séparation des pouvoirs et une justice indépendante. Le Président de la République ne nomme pas le haut conseil de la magistrature. Nous pensons que le pouvoir législatif doit revenir au Parlement au sein duquel il doit y avoir une majorité mais que les représentants des petits partis soient là également et que le pouvoir exécutif ne doit pas être accaparé par une seule main.
Etes-vous tenté par la Présidence ?
Le jour où il y aura des élections présidentielles, on en parlera !